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Deux vols de 750 kilomètres en LS4

By 21 juillet 2022Accueil

Le 27 Juin dernier, Guillaume Ottolini, jeune pilote du pôle espoir et Mickaël Charuel, Président de l’ASVV Angers ont réalisé 750 kilomètres en planeur en “comme prévu” à bord de deux LS4.

Revivez ce vol exceptionnel avec le récit heure par heure de Guillaume Ottolini. 

Dimanche 26 juin

Tout juste libéré de mes épreuves du baccalauréat, je me rends au club pour quelques jours, car la météo s’annonce prometteuse.

Le front froid est passé la veille, ce qui nous laisse de très bonnes conditions. Néanmoins, le risque d’étalements est élevé, du fait de la présence d’un épais voile d’altocumulus et de cirrus.

Optimiste, je trace 600 km dans mon GPS avec un point à la Roche-Sur-Yon, un second à l’ouest du Mans, et le dernier au nord de Redon. Je réussis à tourner les deux premiers points, mais je dois renoncer à aller en Bretagne car le ciel devient anémique. J’effectue alors une dernière branche jusqu’à Mauléon afin d’assurer le 500 km en vol libre. Le LS4 étant nettoyé, houssé et rangé, je peux alors me concentrer sur le vol du lendemain et analyser la météo.

D’après SkySight et TopMeteo, le ciel du lendemain s’annonce atomique. J’en déduis que l’excellente masse d’air du jour sera la même demain, mais sans les nuages de haute et moyenne altitude qui gênent l’ensoleillement.

Avec Mickaël, Président de l’ASVV Angers, nous débattons du circuit en fonction de la meilleure zone de vol. Après une analyse conséquente des prévisions, nous retenons un circuit d’une distance de 750 km, avec un premier point à Dompierre-sur-Yon, un second à Dreux, et le dernier à Mauléon. M’entraînant en LS4 pour les championnats de France junior et senior en classe club, le vol se fera sans water ballast. Mickaël fera de même afin que l’on joue à « armes égales ». Déclaration faite sur nos logger, vient alors l’heure de rêver cumulus…

Lundi 27 juin :

8h15 : Le réveil sonne et je saisis mon téléphone pour vérifier la prévision météo. Ouf, ça n’a pas changé… Le plan est maintenu et je me dépêche de prendre un petit-déjeuner consistant. Nous préparons les sandwichs et nous mettons en piste dans la foulée. Fabrice Fazilleau, un membre très expérimenté du club, ballaste son Nimbus 4DM, ce qui annonce une très bonne journée.

9h20 : Les cumulus bourgeonnent dans le ciel angevin plus tôt que prévu. Nous attendons en piste que les plafonds montent. À la suite d’un Pile ou Face gagné, je suis premier sur la grille de départ.

9h54 : Tous les voyants sont au vert, je décolle au treuil alors que la base des cumulus est à 700 m. Dès le largage, je trouve un petit thermique qui me monte à 600 m, de quoi planer jusqu’à la porte de départ. Un second thermique sous le vent de la porte me recolle à la base des nuages. Mickaël décolle au moment où je chemine vers la porte de départ.

10h07 : Je passe la porte de départ sous un ciel bien pavé et 800 m de plafond. J’entame alors la première branche du circuit, longue de 122 km, et face au vent. Au sud de la Loire, de légers étalements m’obligent à prendre 30 degrés à l’ouest du cap, mais les plafonds s’améliorent. Le planeur glisse bien et les thermiques sont déjà excellents.

11h37 : Après une transition longue de 25 km sous un ciel éteint. Je vire le premier point de virage et décide de partir sous le vent afin d’aller chercher la zone ensoleillée. Un pétard de 4m/s me remonte à 1300 m. Je peux alors entamer la branche de 300 km vent arrière jusqu’à Dreux, et commencer à m’alimenter.

13h58 : J’arrive au nord de Nogent-le-Rotrou et je me rends compte que je viens d’essuyer 375 km, soit la moitié du circuit. Je regarde alors mon PDA qui m’affiche 95 km/h de moyenne sur le circuit. Le rythme est excellent et suffisant pour boucler le circuit, à condition que la moyenne ne chute pas sur la branche vent de face… J’en profite pour contacter Mickaël, et j’apprends qu’il est 100 km derrière. Je le rassure en disant que « ça va le faire ». Dans le même temps, j’apprends que Fabrice a passé Bourges, et il me déclare ironiquement que j’ai déclaré trop court… Mais rien n’est encore fait.

14h21 : Je vire Dreux sous un ciel plus que généreux : 1800 m de plafond, des pétards à 4m/s… La moyenne sur le circuit est désormais de 99 km/h, mais celle-ci va diminuer car le vent forcit. J’entame l’avant dernière branche du circuit avec 20 km/h de vent de face, mais les thermiques sont bons, ce qui compense le fait de ne pas être ballasté.

16h53 : Je passe la Loire en direction de Mauléon, quand j’aperçois que les conditions se gâtent rapidement à l’ouest d’Angers. Le voile de cirrus rentre en Bretagne comme prévu, et les plafonds s’écroulent brutalement. Sur mon axe, le vent reste stable mais les cumulus commencent à s’étaler, ce qui impose de changer de rythme.

17h45 : À la suite d’une transition de 17 km, je vire Mauléon, le dernier point de virage. Les cumulus se défont et rien n’est exploitable sur le terrain. Je prends un thermique intermédiaire 7 km plus au nord, qui me permet de planer ensuite sur les belles bases qui se reforment. Je remonte à 1600 m au kilomètre 63 de la ligne d’arrivée dans un bon 2 m/s.

18h22 : Au kilomètre 30 du terrain, je prends ma dernière ascendance jusqu’à 1500 m, afin d’assurer une arrivée sur un plan de finesse 20. L’arrivée est un moment crucial et il est important de se laisser une marge pour aborder le plané final sereinement.

18h36 : Je passe la ligne d’arrivée après 8h29 de circuit, avec 88 km/h de moyenne. Je m’empresse alors de nettoyer le planeur et de délogger pour « tracker » Mickael et Fabrice, toujours en vol. Environ 1h30 après, Mickaël passe la ligne d’arrivée au-dessus de nos têtes. Quelle satisfaction que d’avoir réalisé cette épreuve tous les deux…

Il y a 4 ans, quand j’ai commencé le vol en planeur, j’étais impressionné par les vols de distance. Cette dimension me fascinait et a fait germer en moi l’envie de repousser mes limites en me fixant des défis. Je ne pensais pas pouvoir réaliser l’épreuve des 750 km, et encore moins en classe club, sans ballasts. La vitesse moyenne et l’endurance étant la clé pour ce type de vol, je considère que c’est un très bon entraînement pour mes prochaines compétitions.

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